Logement décent et abordable: le Commissaire européen Schmit favorable à une approche européenne

Ce débat sur un logement décent pour tous est plus qu’opportun, car la crise du logement est présente dans toute l’UE.Les Européens ont du mal à trouver un logement abordable et décent, certains États membres y étant confrontés plus durement que d’autres.

 

Les prix d’achat des logements dans l’UE ont augmenté de 37 % entre 2010 et 2021, et les loyers ont augmenté de 17 %. Dans certaines régions, les ménages consacrent plus de 40 % de leur revenu aux frais de logement. Il existe un problème structurel fondamental, car les coûts du logement augmentent plus rapidement que les revenus depuis des décennies dans l’UE. Cette tendance, due au fait que le logement est largement considéré comme un atout, s’est encore accélérée.

 

Récemment, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont eu un impact considérable sur les loyers et les hypothèques. La pénurie de logements disponibles et abordables survient à un moment où les citoyens, et en particulier les jeunes, ont du mal à faire face à la flambée des coûts de la nourriture et de l’énergie.

 

Les risques d’augmentation de l’exclusion et de la pauvreté en matière de logement sont plus élevés que jamais pour les ménages vulnérables et à faible revenu, mais aussi pour les ménages à revenu moyen. La crise du logement est également un problème social majeur car elle empêche les jeunes de quitter leur domicile familial et de devenir indépendants, les obligeant à retarder des décisions importantes dans leur vie, comme fonder une famille.

 

On estime que le déficit annuel d’investissement dans le logement social et abordable atteint 57 milliards d’euros. En outre, jusqu’à 800 000 logements sociaux doivent être rénovés chaque année.

 

Nous avons besoin d’une approche politique globale englobant des considérations économiques, sociales et financières, abordant la disponibilité, l’abordabilité et l’adéquation. Les politiques de logement ont une incidence sur nos collectivités et notre cohésion sociale. Le logement social doit rester ou peut-être redevenir central lors de l’élaboration des politiques du logement.

 

Le droit à un logement décent et abordable est au cœur de l’Europe sociale que nous voulons renforcer. C’est pourquoi nous avons besoin d’un engagement politique fort, de politiques de logement efficaces et d’un financement adéquat. La première responsabilité incombe évidemment aux États membres, mais nous disposons d’instruments au niveau de l’UE pour les soutenir. Et comme la crise du logement a pris une dimension européenne, il est nécessaire de coordonner les actions.

 

Le semestre européen fournit un cadre pour évaluer et suivre les politiques du logement dans l’UE. Certains États membres ont déjà reçu des recommandations par pays. L’accent mis sur la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux devrait conduire à des recommandations équilibrées sur les priorités en matière de logement. Les fonds de l’UE offrent non seulement des ressources financières, mais ils sont également de puissants catalyseurs de réformes et de développement de partenariats, notamment au niveau local.

 

Il convient de noter que la contribution de la facilité pour la reprise et la résilience cible les réformes et les investissements dans le logement abordable et social pour un montant d’environ 15 milliards d’euros, qui ont été programmés par les États membres dans leurs plans nationaux. Les États membres devraient utiliser les ressources restantes disponibles au titre du RRF pour investir davantage dans le logement social et abordable. Il ne s’agit pas seulement d’une nécessité sociale, mais aussi d’une nécessité économique.

 

D’autres fonds de l’UE, tels que le Fonds européen de développement régional, le Fonds social européen plus et le programme InvestEU, soutiennent des projets de logement et luttent contre le sans-abrisme. La plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme rassemble les autorités nationales, la société civile et les institutions européennes pour lutter contre le sans-abrisme, qui est en hausse dans l’UE. Nous devons nous y attaquer par une coopération étroite au niveau syndical, en promouvant notamment l’approche Logement d’abord.

 

Juste une remarque sur les locations à court terme, qui contribuent également dans de nombreuses villes à la crise du logement. Certaines villes ont pris des mesures afin de rediriger l’offre de logements vers les résidents. Il est évident qu’il est nécessaire de réglementer ce marché.

 

Des initiatives politiques telles que le nouveau Bauhaus européen, la vague de rénovation et leurs actions concrètes, l’initiative de logement abordable promeuvent des quartiers inclusifs et soutiennent les rénovations écoénergétiques. Je voudrais également faire référence au programme urbain de l’UE adopté en 2016 qui a lancé le partenariat pour le logement qui a produit un ensemble d’actions et de recommandations plus actuelles que jamais.

 

Il existe des possibilités de politiques et de financement pour développer l’écosystème du logement. Ils ont été renforcés sous la Commission actuelle. Mais il est clair que nous devons faire plus. La déclaration adoptée sous la présidence française et, espérons-le, également sous la présidence espagnole par les ministres du logement donne de nombreuses orientations utiles pour une coopération étroite entre les États membres, les régions et les villes de l’UE.

 

Pour en savoir plus: Decent Housing For All” at the European Parliament (europa.eu)

 

Congrès Hlm