EUROPEENNES 24 : "Housing for All", le manifeste 24-29 des élus des métropoles européennes

« Housing for all 24-29 » des métropoles européennes

« Elus des villes et métropoles européennes, représentants des organisations de la société civile et députés européens, nous demandons aux institutions européennes de placer l’accès à un logement adéquat et abordable au cœur des priorités du prochain mandat du Parlement européen et de la Commission européenne.

La crise du logement affecte la vie de nombreux citoyens et citoyennes européens et freine les progrès d’au moins trois priorités politiques européennes : l’emploi, l’inclusion sociale et la démocratie.

Tout d’abord, la reprise économique et la possibilité d’atteindre le « plein emploi » en Europe sont entravées par le manque de logements abordables à proximité des bassins d’emploi. Les travailleuses et travailleurs de première ligne, qui fournissent des services essentiels au bon fonctionnement de notre société – travail social, métiers du prendre soin, propreté, transport public, etc. – n’ont plus accès au logement dans nos villes. Le prix des logements, qu’ils soient loués ou achetés, éloigne les moins aisés qui ont souvent des horaires et des rythmes de travail nécessitant une proximité entre le domicile et le lieu de travail. Nous sommes tous confrontés à des difficultés de recrutement car le prix du logement est déconnecté du niveau de revenu d’une part croissante des demandeurs d’emploi. Chaque année, ce problème touche de plus en plus de de la classe moyenne.

Dynamiques d’exclusion

Le manque de logements abordables dans les villes est en partie dû au fait que le logement est également considéré comme un investissement lucratif pour les marchés financiers. Les collectivités tentent de réguler les marchés fonciers et immobiliers afin de lutter contre la spéculation qui aggrave les dynamiques d’exclusion existantes. Cependant, elles sont confrontées à un manque de pouvoir pour y parvenir. Elles ne disposent pas des outils réglementaires et financiers nécessaires pour contrecarrer des mécanismes qui se jouent à une tout autre échelle. L’Union européenne doit les soutenir dans la régulation du marché du logement qui, en tant que bien commun, ne peut être assimilé à un investissement.

Nos villes et métropoles sont convaincues de l’enjeu et déploient des actions pour lutter contre la hausse des prix du logement : contrôle des loyers, taxe sur les logements vacants, limitation de l’hébergement touristique de courte durée, voire expropriation des propriétaires institutionnels. Mais la pression des investissements spéculatifs sur le marché immobilier fait grimper les prix des logements et réduit leur accessibilité pour les citoyens, alors que les politiques de soutien aux revenus des ménages locataires assurent des rendements stables aux investisseurs. Toutes les métropoles européennes sont confrontées au problème du logement inabordable. De plus en plus de personnes sont reléguées à la périphérie des villes. Les plus pauvres et les plus vulnérables sont exclus et font l’expérience du sans-abrisme.

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Eradiquer le sans-abrisme d’ici à 2030

Nous plaidons pour une Europe sociale. La lutte contre le sans-abrisme est une question clé pour préserver la cohésion sociale. Le lancement de la Plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme est un premier pas. Il faut maintenant lui donner les moyens d’atteindre l’objectif affiché à Lisbonne d’éradiquer le sans-abrisme en Europe d’ici 2030. Dans cette perspective, le déploiement du « logement d’abord » et de solutions axées sur le logement pour les personnes sans domicile est la bonne voie à suivre. Il est donc nécessaire de renforcer l’offre de logements abordables et de services d’accompagnement. Outre l’offre, l’accès des plus vulnérables doit être assuré. Les territoires et en particulier les villes, en tant que niveau pertinent de mise en œuvre, doivent être soutenus dans leurs actions.

La crise du logement met en lumière les défis démocratiques auxquels nous sommes confrontés. L’accès à un logement décent et abordable est un droit fondamental, essentiel au développement et à l’épanouissement de l’homme. Les collectivités veulent retrouver leur capacité d’intervention pour que chacun y ait accès. Elles sont prêtes à y consacrer des ressources importantes et des capacités d’innovation, mais elles ne peuvent pas relever ce défi seules. L’Union européenne doit être à leurs côtés dans un dialogue direct.

Par cette déclaration, nous rappelons que le logement est un droit de l’homme et que l’Union européenne a un rôle essentiel à jouer, notamment dans quatre domaines :

  1. en réglementant l’intervention des investisseurs privés dans le logement ;
  2. en réglementant le marché du logement, en évitant la spéculation grâce à des lois sur le contrôle des loyers ;
  3. en élaborant un plan «Next Housing EU» destiné à soutenir les investissements des fournisseurs de logements sociaux abordables dans toute l’Europe et à répondre aux besoins de fonctionnement des services d’aide aux personnes ;
  4. enfin en promouvant le seul moyen d’éradiquer le sans-abrisme : la mise à disposition d’un logement indépendant et de services d’accompagnement adéquats, en fonction des besoins des personnes. »

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Signataires des représentants des métropoles et collectivités :

Anne Hidalgo, Paris

Jean-Philippe Gautrais, maire de Fontenay-sous-Bois 

Pierfrancesco Maran, Milan, 

Matúš Vallo, Bratislava, 

Emily Marion Clancy, Bologne, 

Elke Voitl, Francfort, 

Belit Onay, Hanovre, 

Stefano Lo Russo, Turin, 

Bruno Bernard, Métropole de Lyon, 

Gregory Doucet, Lyon, 

Vilnis Kirsis, Riga, 

Nathalie Appéré, Rennes, Métropole de Rennes, 

Dieter Reiter, Munich, 

Jeanne Barseghian, Strasbourg, 

Nawal Ben Hamou, Bruxelles, 

Alison Gililland, Dublin, 

Pierre Hurmic, Bordeaux, 

Anne Voituriez, métropole de Lille, 

Olivier Bianchi, Clermont Auvergne Métropole, 

Eric Piolle, Grenoble, 

Cédric Van Styvendael, Villeurbanne, 

Marcus König, Nuremberg, 

Nicolas Mayer-Rossignol, Métropole Rouen Normandie, 

Dirk de Fauw, Bruges, 

Simona Bieliuné, Vilnius, 

Zoean Jankovic, Ljubljana, 

François Astorg, Annecy, 

Vincent Gatel, Poitiers, 

Lydia Mutyebele, Bruxelles, 

Tine Heyse & Rudy Coddens, Gand, 

Jean-Paul Jeandon, Cergy-Pontoise, 

Adam Pustelnik, Lodz, 

Enzo Lattuca, Valle Savio, 

Patricia Salaün-Kerhornou, Brest, 

Ignacio de la Puerta Rueda, communauté autonome basque, 

Philippe Lamberts et Terry Reintke, co-présidents du groupe Greens/EFA (Parlement européen), 

Manon Aubry et Martin Schirdewan, co-présidents du groupe The Left (Parlement européen), 

Henk J.M. Bouwman, réseau européen des aires métropolitaines et régions.

Parlement européen – Bruxelles - 19 septembre 23

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